Théo Degand : retour d’Autriche

Tout d’abord bravo à toi pour tes résultats à la JEC (Junior European cup) en Autriche, les 29 et 30 septembre 2024 : superbe 19e place sur la MD, joli relais (20e place) et 43e place en sprint.

Est-ce que tu peux d’abord commencer par nous présenter cette compétition ?

Cette compétition se situe souvent à la fin de l’année. C’est après les Championnats d’Europe jeunes (EYOC) et les Championnats du monde juniors (JWOC), la plupart des pays ont fait leurs championnats nationaux. C’est une course dont le niveau varie en fonction des nations présentes. Par exemple, l’année dernière, je savais qu’il y avait peu de pays représentés parce que les équipes préparaient leur sélection pour d’autres compétitions. Mais cette année, c’est vrai qu’il y a beaucoup de nations qui ont choisi de faire le déplacement pour finir la saison internationale et le niveau était relevé.

C’est la deuxième fois que tu étais sélectionné pour cette compétition. Est-ce que c’était plus facile, par rapport à la pression, parce que tu connaissais l’épreuve ? Comment as-tu géré ça ?

C’est vrai que j’avais déjà fait cette compétition, donc c’est un peu plus simple. Après, est-ce que c’était plus facile ? Non, parce qu’il y avait plus de niveau, c’était un peu plus difficile, mais c’est vrai que j’avais déjà vécu cette course, toute la préparation autour, donc je l’appréhendais un peu plus facilement, c’est sûr.

Justement, concrètement, ça s’est traduit par quoi ? La consigne de tes coachs (Simon Leroy pour la fédé et Aloïs Forestier pour le club) était-elle différente ? Comment toi, individuellement, tu l’as appréhendée, cette compétition ?

Il y a eu des consignes différentes par rapport à l’année dernière. Les entraîneurs nous ont dit vraiment qu’il ne fallait pas se focaliser sur le résultat. Le but, c’était vraiment de faire des courses à notre niveau qui nous plaisaient sans se focaliser sur un top 20 ou un top 10 parce que c’est vrai que ça n’aide pas forcément à faire une bonne performance la plupart du temps.

L’an passé, tu avais pris un peu trop de risques ?

L’année dernière, j’étais moins bien préparé. Cette année, on a fait quand même deux semaines de préparation spécifique pour la JEC : le sprint, la MD. J’avais une meilleure préparation et surtout un niveau un peu plus élevé, car je me suis plus entraîné en début d’année scolaire pour cette compétition.

C’est quoi la préparation spécifique pour une compétition comme celle-là ? Parce que c’est un terrain un peu continental quand même.

La préparation physique, on l’a généralement. Mais la préparation technique, l’idéal aurait été d’avoir des terrains qui ressemblent un peu, des terrains continentaux. On a peu de cartes pour ça. Mais on a essayé de faire avec celles existantes pour anticiper ces terrains. On a préparé des sprints techniques, parce qu’on pouvait s’attendre à des courses assez difficiles. Au final, le sprint a été un peu moins technique, mais on était bien préparé. En plus de la technicité en sprint, on s’est donc préparé à courir sur les terrains continentaux.

D’accord, on va parler de ces trois courses. On reviendra sur la moyenne distance, où tu as performé. Tu as fait d’abord un sprint lors duquel tu as terminé 43e. Comment as-tu vécu cette course ?

Le sprint, c’était la première course du week-end. Ce n’est pas ma spécialité. Je l’ai appréhendé pour me tester à un bon niveau en sprint, on avait préparé ce format ces derniers temps. J’avais plutôt bien remis mes techniques de sprint. Mais, surtout à ce niveau, ça nécessite un gros physique, beaucoup de vitesse. Au niveau physique, j’étais pas mal. Mais techniquement, je ne suis pas un spécialiste du sprint. Donc c’est vrai qu’il y a encore des routines à mettre vraiment en place pour avoir un bon niveau en sprint.

On reviendra après sur la MD. Parle-nous du relais où tu fais aussi une jolie course. L’équipe 2 n’est pas loin de l’équipe 1. C’était très resserré. Le relais, c’est quand même une course hyper stressante. Comment l’as-tu vécu ?

Le relais, c’est une course stressante. Moi, j’aime bien ce deuxième relais. Le premier relais, je trouve ça plus stressant. En même temps, il y en a qui aiment cette confrontation. Les coureurs arrivent en paquet. Donc on repart avec des coureurs. Il y a des coureurs devant, des coureurs derrière. C’est vrai qu’il faut gérer le truc.

On en discutait avec les coachs. On fait des relais souvent en France. Des relais, le CNE, le Championnat de France de relais de catégorie. Mais là, c’est un autre niveau. Il ne faut pas forcément s’attendre à arriver et prendre le relais en tête. Souvent, il y a des coureurs devant à reprendre. Il faut faire des courses propres. En deuxième relais, il ne faut pas prendre de risques. Il faut faire une bonne course, pas faire d’erreurs pour potentiellement reprendre du temps sur ceux de devant, et qui feraient des erreurs.

J’étais plutôt pas mal placé. En septième position, du coup, ça m’a permis de faire un début de course avec pas mal de gens. Après, j’ai rattrapé le groupe de devant. Mais malheureusement, j’ai fait une petite erreur qui m’a remis un peu derrière. J’ai dû un peu garder le rythme sur la suite du relais. J’ai fait un relais plutôt bon. J’ai perdu un peu de temps, mais c’était un peu général sur les autres coureurs. Du coup, c’est vrai qu’au niveau places, ça allait. On a surtout un peu repris du temps sur le groupe de devant. Il y avait un gros niveau sur le groupe de devant. Le top 5, 6, était vraiment très, très serré. C’était intouchable. Les Suisses et les Tchèques, possèdent vraiment de grosses densités d’équipes.

Très bien. On va maintenant parler de la moyenne distance. En H18, tu termines deuxième français à 28 secondes derrière Nathan Philibert, qui la veille est podium sur le sprint. Tu es à seulement 2 minutes 33 du podium. Comment s’est passée ta course où tu termines 19e, dans le top 20 ?

La moyenne distance, on l’avait imaginée comme une course rapide aux vues du terrain. C’était le cas. Au début, c’était roulant. Après, c’était du flanc. Il fallait vraiment faire en sorte d’avancer parce qu’on savait que devant, ça allait vraiment aller fort. Du coup, c’est une course où je suis parti vite. Il fallait vraiment rester sur le fil entre aller le plus vite possible et ne pas faire d’erreurs. C’est un peu comme un sprint, les erreurs coûtaient cher. il y avait aussi de longs postes à postes. Il valait mieux faire en sorte de prendre les chemins. Rester à flanc, c’était tentant mais pas payant.

C’était aussi une moyenne distance qui était un peu longue au final, au dessus des 30 minutes. Il fallait avoir un bon rythme tout le long, ne pas ralentir et engager en descente surtout.

A la fin, entre la 9 et la 14, c’était technique et tu as vraiment assuré. On a l’impression sur le GPS qu’il y a une petite virgule à la balise 8. C’est le GPS ou c’est toi qui fais une toute petite erreur à l’approche de cette balise 8 ?

Oui, il me semble qu’à la balise 8, il y a une petite virgule. C’est vrai qu’en approche, c’est ça le problème : ce qu’il faut que je retravaille. Il faut être plus précis sur l’approche de poste. Avec la précipitation, on arrive trop vite sur le poste et on a tendance à multiplier les virgules. C’est un peu ce qui fait perdre du temps la plupart du temps.

Oui, mais là, tu ne les as pas multipliées parce qu’hormis celle-là, il n’y en a pas d’autres. Tu fais vraiment une grosse course. Bravo, le premier, Matthieu Bührer, un Suisse, relègue le suivant à 2 minutes 38 secondes. C’est énorme, non ? Tu le connaissais, ce coureur ?

Oui, c’est vrai que Matthieu Bührer, on le connaît pas mal. Il y a un gros niveau en CO dans la famille, et aussi un gros niveau en trail, il en fait beaucoup. Physiquement, on savait qu’il était grand favori. S’il ne faisait pas d’erreur ou peu d’erreurs techniques, on n’avait aucune chance. Sur la MD, il a tellement une vitesse de course élevée, associée à une très bonne technique. Il n’est pas que bon sur le physique, il est aussi très bon sur la technique : il était intouchable.

Tu peux nous parler de l’ambiance au sein de l’équipe de France ? J’imagine que tu connais tout le monde, aussi bien les coachs que les autres coureurs ?

Il y avait une bonne ambiance. Au niveau des coachs et des coureurs, il y avait quelques coureurs qui étaient nouveaux, qui n’avaient pas encore fait de compétition nationale. Tout le monde a été bien intégré. Franchement, j’ai trouvé qu’il y avait une bonne ambiance générale. Sur une compétition comme celle là, tout le monde était bien motivé par le fait de ne pas avoir couru de compétition internationale depuis un moment. Il y avait une bonne émulation dans l’équipe.

As-tu une anecdote à nous raconter sur ce week-end ? Que ce soit sur le trajet, les courses, parce que le trajet a été long aussi bien pour aller à Vienne que pour revenir.

Pas spécialement, à part le fait que l’organisation avait donné assez peu de détails sur ce qui allait se passer. On a eu des informations au fur et à mesure. Mais au final, ce n’était pas si mal parce qu’on se focalisait sur la course du lendemain. On avait les horaires de départ la veille. Du coup, on faisait les courses au jour le jour. C’était un peu spécial, mais finalement, ce n’était pas si mal comme principe.

Tu es sur Clermont Ferrand depuis cette année avec le Pôle. Comment ça se passe ? Et puis, ta scolarité, explique-nous ce que tu fais et comment se passe ta semaine d’entraînement sur Clermont.

Cette année, je suis au Pôle à Clermont. Je fais un IUT Génie Biologique. Du coup, c’est vrai que c’est un peu différent de ce que d’habitude les gens qui sont au Pôle font. Souvent, ils suivent des filières comme Polytech ou Staps. Ils ont un peu plus d’aménagements sur le plan scolaire, sur le plan de leur entraînement. Ma semaine change un peu par rapport à eux.

Le lundi, on fait un jour de récup avec des séances chez le kiné. Le mardi, souvent, on a préparation physique, muscu. On fait une séance le midi, en fonction de nos cours, plus ou moins longues. Parfois, le mardi après-midi, on fait une autre séance VMA ou seuil en fin d’après-midi. La plupart du temps, le mercredi, on fait une séance de CO l’après-midi, en fonction des cours. Après, le jeudi, souvent, on fait un entraînement sprint l’après-midi ou VMA. Souvent, je fais la séance le soir car j’ai des cours de travaux pratiques que je ne peux pas rater. Le vendredi, c’est un peu comme le mardi. On fait une séance de musculation à midi. Et l’après-midi, VMA ou autre chose. Et le week-end, en fonction de si on est là ou pas là, il y a souvent des entraînements préparés en forêt.

D’accord, ça m’amène à te poser une question pour l’an prochain. Côté course d’orientation, quels sont tes objectifs ? Qu’est-ce que tu as coché sur le calendrier au niveau des courses ?

Là, à court terme, c’est vrai qu’on a les championnats de France de sprint, de nuit, le CNE. Ça, c’est un objectif à court terme. On est en train de commencer à s’y préparer à la fin de la JEC. Et après, à plus long terme, dans la prépa hivernale, se préparer aux sélections pour les JWOC, les championnats du monde junior qui auront lieu en Italie. Et après, au passage, préparer les championnats de France moyenne distance, le CFC. C’est vrai qu’il y a pas mal de préparation pour ces courses-là. Le calendrier de CO est assez intense sur une période courte. Du coup, c’est vrai qu’il faut une bonne préparation pour bien encaisser beaucoup de courses en peu de temps.

Lien loggator sprint : http://loggator2.worldofo.com/?idstr=logatec2024JECsprM18

Lien loggator MD : http://loggator2.worldofo.com/?idstr=logatec2024JECmidM18

Lien loggator Relais : http://loggator2.worldofo.com/?idstr=logatec2024JECrelM20-2

Site JEC : https://www.oefol.at/jec2024/

interview réalisée le 2 octobre 2024.

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